CD / DVD / Livres Monteverdi : Vespro della Beata Vergine
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Monteverdi : Vespro della Beata Vergine

24/04/2020

Merveilleusement mis en lumière par Bertrand Couderc, le concert, donné dans la Chapelle Royale du Château de Versailles, le 10 février 2019, nous avait ébloui (voir O. M. n° 149 p. 67 d’avril). Sa captation nous procure un bonheur équivalent, par la grâce d’une réalisation exemplaire.

Les caméras de Colin Laurent ne peuvent évidemment pas rendre complètement justice à l’atmosphère d’ensemble de cette authentique « représentation liturgique », ni aux effets de spatialisation nés de la répartition, pour certaines sections de ces Vêpres de la Vierge, des chœurs et des solistes à différents endroits du sublime édifice. Mais ce que l’on perd d’un côté, on le gagne d’un autre, le DVD révélant des détails par définition invisibles pour les spectateurs.

Les plans rapprochés sur Raphaël Pichon constituent ainsi un indéniable plus. Sur son visage, d’une expressivité intense, mais surtout sur ses mains, qui sculptent la matière sonore comme si c’était de la glaise, pour la transformer en architectures musicales d’une puissance inouïe.

Les micros, eux, se montrent d’une fidélité absolue, servant au mieux les remarquables choristes et instrumentistes de l’ensemble Pygmalion, en effectif fourni (soixante et un au total). Aucun décalage, aucune voix discordante dans cette exécution d’une perfection qui fait passer le frisson, Raphaël Pichon veillant à ce que la précision de la construction ne fasse jamais obstacle à l’émotion.

Quant aux solistes, dont certains se détachent des rangs de Pygmalion, ils sont exceptionnels.Les timbres d’Eva Zaïcik et Lea Desandre se marient idéalement, la couleur si particulière de la voix de Lucile Richardot jette un éclairage fascinant sur chacune de ses interventions, Emiliano Gonzalez Toro et Zachary Wilder poussant l’expressivité jusqu’à son paroxysme. Le second se distingue tout particulièrement, les gros plans mettant en relief la manière dont chaque variation dans l’intensité musicale trouve sa traduction sur les traits de son visage.

La vidéographie des Vêpres de la Vierge était, jusqu’ici, dominée par les deux éditions dirigées par John Eliot Gardiner, dans des perspectives on ne peut plus différentes : grandiose et théâtrale, dans la basilique Saint-Marc de Venise, en 1989, avec des chanteurs de stature internationale, comme Michael Chance, Nigel Robson ou le tout jeune Bryn Terfel (Archiv Produktion/Deutsche Grammophon) ; plus intimiste et recueillie, dans la Chapelle Royale de Versailles, en 2014, avec des solistes issus du Monteverdi Choir (Alpha Classics).

Sans les surclasser, la nouvelle version se hisse sur les mêmes cimes. Qui s’en plaindrait ?

RICHARD MARTET

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