© JEAN-LOUIS FERNANDEZ

Entré en fonction le 1er septembre, le successeur de Serge Dorny au poste de directeur général de l’Opéra de Lyon ouvre, le 9 octobre, sa programmation 2021-2022 avec Falstaff. Signée Barrie Kosky, la production a vu le jour à Aix-en-Provence, en juillet dernier, avec Daniele Rustioni au pupitre.

Comment votre position d’outsider est-elle devenue un atout dans le processus de recrutement du successeur de Serge Dorny ?

Mon expérience d’une vingtaine de mises en scène d’opéra, aussi bien du répertoire que des créations, en France et en Europe – dont cinq à Lyon –, grâce à laquelle j’ai rencontré beaucoup de chefs, de chanteurs, et de coproducteurs, a joué en ma faveur. De même que ma connaissance, depuis l’intérieur, de cette maison, par mes liens avec son Orchestre, son Studio, son Chœur, sa Maîtrise, et ses équipes techniques. Durant mes dix années à la tête de La Comédie de Valence/CDN Drôme-Ardèche, j’ai coproduit deux opéras, et nous avons révélé quatre jeunes metteurs en scène, qui ont ensuite été invités à faire leurs premiers pas à l’Opéra de Lyon. J’entretiens, aussi, des relations fortes avec quelques grands directeurs d’institutions lyriques. À commencer par Serge Dorny qui, en 2004, m’a mis le pied à l’étrier, en me faisant une proposition pour 2006, au moment où je suivais une formation avec Patrice Chéreau, à Aix-en-Provence, et Robert Wilson, à New York. Mettre en scène un opéra a vraiment changé, en profondeur, mon travail artistique. Et je n’ai cessé, depuis lors, de monter, chaque année, un, deux, voire trois spectacles lyriques. Bernard Foccroulle m’a beaucoup suivi, quand j’étais à Valence, où nous avons mené des projets avec Katie Mitchell, et l’Académie du Festival d’Aix-en-Provence. Enfin, j’ai collaboré avec Peter de Caluwe, à la Monnaie de Bruxelles, sur des œuvres contemporaines. Tous trois m’ont beaucoup encouragé à présenter ma candidature. Par ailleurs, je connaissais bien Daniele Rustioni, le chef principal de l’Opéra de Lyon. Il est devenu un partenaire essentiel, dès lors que nous avons décidé que si j’étais nommé, il resterait jusqu’en 2025. Je n’étais évidemment pas le directeur d’opéra attendu, puisque je n’avais jamais été à la tête d’un théâtre lyrique. Mais sans doute ma manière d’être, à la fois, dans la continuité du projet remarquable mené par Serge Dorny, pendant dix-huit ans, avec des grands maîtres de la mise en scène et de la direction d’orchestre, et à l’avant-poste des nouvelles générations de cheffes, de metteuses en scène et de chorégraphes, était-elle en phase avec la prise de risque et l’audace naturelle de l’Opéra de Lyon. Pour la petite histoire, j’ai participé aux Jeunes Voix du Rhin, quand j’avais 20 ans. Et je me suis très vite rendu compte que je serais bien plus utile et épanoui dans un autre domaine, en travaillant avec des chanteurs. Peut-être était-ce un désir profond de relever un tel défi, mais je n’aurais certainement pas été candidat ailleurs qu’à Lyon.

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