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À partir du 11 novembre, à l’Opéra-Comique, la metteuse en scène s’attaque à l’un des chefs-d’œuvre du répertoire français, Hippolyte et Aricie, avec Raphaël Pichon au pupitre et une distribution particulièrement alléchante.

Même si vous avez beaucoup travaillé sur le rapport entre théâtre et musique, et déjà mis en scène Brundibar de Krasa, à l’Opéra de Lyon, cette nouvelle production d’Hippolyte et Aricie est votre première confrontation avec la grande forme lyrique. Vous êtes-vous sentie intimidée ?

Au départ, la forme est tellement présente, grandiloquente, qu’elle en devient écrasante. Le travail, avec Lionel Gonzalez, mon dramaturge, Lisa Navarro, à la scénographie, et toute mon équipe artistique, a consisté à entrer dans l’œuvre par des interstices qui nous ont passionnés, pour mieux l’ouvrir. Les premières fois que nous l’avons écoutée, et que nous nous sommes plongés dans le livret, nous avons vraiment été aimantés par les personnages de Phèdre et Thésée, les plus en proie à la passion, au point de nous demander pourquoi l’opéra ne s’intitulait pas Phèdre. La beauté du chemin d’analyse que nous avons suivi vient du fait que nous nous sommes rendus compte que ce titre d’Hippolyte et Aricie ne devait rien au hasard. Il fallait trouver un moyen de donner plus de consistance au couple éponyme, qu’ils ne soient pas que des petits bonbons sucrés. Mais leurs interventions sont si condensées qu’elles sont difficiles à saisir. Nous sommes donc revenus à Racine, bien sûr, mais surtout à Euripide, et avons relu Le Banquet de Platon, notamment le passage où Socrate fait parler Diotime et donne sa définition de l’Amour. Reconsidérée sous ce prisme, c’est, en effet, ce que cette pièce raconte : si Éros est empêché de circuler, que quiconque lui coupe le passage, il finira toujours par s’infiltrer, et des catastrophes terribles se produiront. Ce retour aux récits antiques nous a beaucoup éclairés, et nous avons réussi à attraper un fil essentiel. L’enjeu est maintenant de voir comment nous parviendrons à tirer toutes ces lignes sur le plateau, et à réhabiliter Aricie et Hippolyte (1).

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 166

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