© NIKOLAI SCHUKOFF

Après avoir commencé sa carrière en accompagnant Frederica von Stade, le pianiste attitré de la série de récitals parisiens « L’Instant Lyrique », à Éléphant Paname, travaille aujourd’hui aussi bien avec les débutants qu’avec les grandes vedettes de l’art lyrique.

Vous aimez raconter que votre coup de foudre pour le métier d’accompagnateur date du soir où vous avez assisté à un récital, donné par la soprano Mady Mesplé et le pianiste Dalton Baldwin…

Effectivement ; je n’aurais jamais pensé à ce métier, si je n’avais pas assisté à ce récital à Nice. Et c’est vrai qu’à la fin de la soirée, je suis allé vers Dalton et lui ai dit : « J’aimerais faire la même chose que vous. » J’ai commencé par participer à des sessions d’été qu’il donnait, toujours à Nice ; ensuite, je suis parti aux États-Unis travailler deux ans avec lui, puis, pendant deux autres années, j’ai été l’élève de Martin Katz.

Comment expliquez-vous ce désir ?

J’ai eu envie de ce métier, parce qu’il réunissait plusieurs choses qui m’étaient chères : le piano, la voix, la littérature. Catherine Collard, mon professeur de piano, m’a encouragé dans cette voie. J’avais beaucoup étudié la technique vocale, j’aurais adoré chanter, être ténor léger, interpréter Rossini, j’avais également pensé faire de la mise en scène d’opéra, mais le destin en a décidé autrement. Et j’avais aussi envie de partager mon travail, d’être à la fois dépendant et indépendant.

Vous n’avez donc jamais pensé que le rôle d’accompagnateur était secondaire…

Jamais, mais des gens ont encore cette idée. Ils ne se rendent pas compte que tous les pianistes ne sont pas Martha Argerich, pas plus que tous les apprentis chanteurs ne deviendront Luciano Pavarotti ou Maria Callas, comme certains professeurs veulent le faire croire à leurs élèves… On peut être très heureux dans un ensemble vocal ou un chœur d’opéra ! Les conservatoires refusent du monde. Il faut donner aux jeunes les moyens de comprendre qu’une carrière de soliste n’est pas l’alpha et l’oméga du métier. D’autres possibilités s’offrent, tout aussi enrichissantes.

La musique de chambre ne vous a-t-elle jamais tenté ?

Je l’aime beaucoup. Mais, à de rares exceptions près, elle accorde peu de place à la voix, et les instruments seuls ne me suffisent pas. Cela manque pour moi d’un petit grain de folie, et le répertoire me semble plus limité, offrant moins d‘occasions d’exprimer des sentiments.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 160

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