© HÉLÈNE PAMBRUN

Au sein d’une saison 2019-2020 ouverte à tous les styles de musique et de spectacle, la directrice artistique et le directeur général du théâtre du Châtelet récemment rénové proposent, à partir du 21 janvier, une passionnante production de Saul de Haendel, signée Barrie Kosky.

Pendant un quart de siècle, le Théâtre du Châtelet s’est posé en concurrent de l’Opéra National de Paris, avant de devenir le temple du « musical » sous le mandat de Jean-Luc Choplin. Quelle identité souhaitez-vous imprimer au Châtelet ?

Ruth Mackenzie : C’est une révolution permanente. Notre programmation s’inscrit absolument dans un processus d’évolution lié à l’histoire du Théâtre, tout en intégrant des éléments nouveaux, comme Room with a View, « carte blanche » offerte à l’artiste électro Erwan Castex, alias Rone, du 5 au 14 mars prochain.

Thomas Lauriot dit Prévost : Notre idée est, en effet, de revendiquer toute l’histoire du Théâtre – une démarche qui était déjà celle de Jean-Luc Choplin, mais que nous essayons de pousser encore plus loin. Le Châtelet a toujours été un lieu d’innovation artistique, de façon plus ou moins marquée selon les époques, ce qui est une grande source d’inspiration pour nous. Nous devons donc continuer à donner l’opportunité à des artistes d’expérimenter des formes qui ne trouveraient pas leur place sur d’autres grandes scènes. Le Châtelet est aussi un Théâtre populaire, avec un esprit et une culture d’ouverture qui nous tiennent beaucoup à cœur. Enfin, nous sommes très attachés à sa dimension internationale.

R. M. : Quelle est la différence entre un projet de Peter Sellars pour l’Opéra National de Paris et pour le Châtelet ? Stéphane Lissner pourrait certes inviter la soprano américaine Julia Bullock, qui est une chanteuse lyrique, mais pas pour un spectacle comme Perle noire : méditations pour Joséphine, inspiré par la vie et les chansons de Joséphine Baker (1906-1975), artiste populaire, mais aussi résistante, avec laquelle nous partageons des valeurs. Avec cette création, à l’affiche du 11 au 17 avril prochain, nous allons inventer une forme originale, ni opéra, ni « musical ». Il en va de même avec Barrie Kosky, qui vient de monter Le Prince Igor à l’Opéra Bastille, et dont nous reprenons, ce mois-ci, la production de Saul, créée en 2015, à Glyndebourne, où elle a causé un choc. Parce qu’on y passe de l’esprit de Broadway, avec un chœur qui fait presque des claquettes, à une deuxième partie tragique, d’une puissance plus opératique. Il s’agit donc moins de vendre un oratorio de Haendel rarement joué, qu’une histoire d’amour, de trahison, de folie, dont le caractère spectaculaire coule dans les veines du Châtelet et en fait vibrer l’âme.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 157

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