© SENNE VAN DER VEN

Richard Cœur-de-Lion de Grétry, à Versailles, à partir du 10 ; la sortie d’un quatrième récital chez Alpha Classics, le 11, dédié à Dumesny, célèbre haute-contre du Grand Siècle et interprète privilégié de Lully… Le talentueux ténor belge est sur tous les fronts, en ce mois d’octobre.

Votre nouveau récital discographique, qui paraît chez Alpha Classics, a pour titre Dumesny, haute-contre de Lully. Comment ce projet est-il né ?

J’avais depuis longtemps cette idée en tête, et plus précisément, l’envie de m’intéresser à trois hautes-contre célèbres en leur temps, Louis Gaulard Dumesny, Pierre de Jélyotte et Joseph Legros, chacune pouvant donner lieu à un programme discographique.

Était-ce aussi l’envie de défendre une catégorie vocale très particulière ?

Effectivement. J’ai constaté que le terme de haute-contre n’évoquait pas grand-chose pour la plupart des gens, et qu’il était encore plus problématique au-delà de la France. Je me rappelle avoir rencontré une professeure de chant à La Haye, à laquelle j’avais parlé de cela et qui avait compris que je voulais être contre-ténor, ce qui n’a rien à voir ! Mais cette ambiguïté est difficile à éclaircir, d’autant qu’elle est plus complexe qu’il n’y paraît : certaines pages de Purcell sont destinées à des « countertenors », alors que je peux les chanter.

Vous aviez également des vues précises en termes de répertoire…

Je souhaitais faire découvrir des partitions dont certaines étaient à peine connues, y compris des spécialistes ; à côté d’airs de Lully aussi fameux que « Bois épais, redouble ton ombre » d’Amadis ou « Plus j’observe ces lieux, et plus je les admire » d’Armide, j’ai choisi des pages de ses successeurs, comme Pascal Collasse, Henry Desmarest, Charles-Hubert Gervais, Élisabeth Jacquet de La Guerre… On peut dire que Lully, à sa façon, était un génie. Mais je vous assure qu’on doit aux compositeurs venus après lui certains moments sublimes : écoutez la scène de sommeil dans Circé de Desmarest ! Souvent, un chanteur n’avait qu’un air dans un opéra, les choix n’ont donc pas été trop difficiles, et Benoît Dratwicki, directeur artistique du Centre de Musique Baroque de Versailles, a été d’une aide précieuse. Nous voulions surtout construire un programme équilibré et qui ne soit pas monotone.

Vous êtes allé à la rencontre de ces personnages, mais aussi de Dumesny lui-même, dont la vie est assez peu connue…

Il est vrai qu’elle comporte bien des zones d’ombre ; on hésite même sur ses dates de naissance et de décès, qui restent imprécises, et pourtant, on dispose en France de sources importantes qui sont toutes en ligne… On sait que son père était cuisinier, et que lui-même a commencé dans ce métier – en guise de clin d’œil, je figure sur la couverture du disque avec une casserole à la main ! On sait aussi que sa voix avait attiré l’attention de Lully, mais il n’a été engagé à l’Opéra qu’en 1675, d’abord dans les chœurs – il figurait dans ceux d’Atys, en 1676 –, mais il avait alors 40 ans.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 154

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