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Le 6 juillet, en création mondiale, le jeune compositeur israélien propose Les Mille Endormis, co-commande du Festival d’Aix-en-Provence et des Théâtres de la Ville de Luxembourg. Un opéra chanté en hébreu, en forme de fable emblématique autour du conflit israélo-palestinien.

Pour composer votre premier ouvrage lyrique, qui sera créé au Théâtre du Jeu de Paume, vous vous êtes emparé, avec le dramaturge Yonatan Levy, de la fiction des Mille Endormis, pour aborder un sujet en prise avec une actualité brûlante, dont la brutalité trouble Israéliens et Palestiniens. Pour quelles raisons avez-vous effectué ce choix ?

Le livret de Yonatan Levy est un conte satirique à portée morale et philosophique, ancré dans la réalité politique contemporaine, dont il dénonce les excès pour amener à une réflexion sur la reconnaissance de l’autre, la liberté, la raison et, enfin, la sagesse. À mesure que l’intrigue progresse, l’intrusion du fantastique crée une atmosphère poétique étrange, qui nous entraîne au-delà des apparences de la vie ordinaire, dans le domaine du sommeil et l’expérience du rêve d’un monde meilleur comme réalisation des désirs de paix, d’harmonie et d’utopies humanistes. Le sujet est profond, sans être pour autant dirigé vers des fins édifiantes. L’écriture de Yonatan Levy use de l’ironie, et parfois de l’humour, pour tempérer et mettre à distance la tension dramatique d’une réalité grave et douloureuse. Je suis israélien, sensible à la situation tendue depuis des années au Moyen-Orient. J’ai adhéré à ce projet pour penser à mon tour, en tant que compositeur, notre « être au monde ».

Quel est le point de départ de cette histoire au titre paradoxal ?

Il s’agit d’une fable emblématique sur la situation tragique liée au conflit entre Israéliens et Palestiniens. Le titre fait référence à mille détenus palestiniens, les héros de l’opéra, tous muets et cependant très présents qui, pour protester contre leur incarcération qu’ils jugent arbitraire, engagent une grève de la faim. Le Premier Ministre choisit de les réduire au silence en les plongeant dans un sommeil artificiel. Suite à cette décision, les catastrophes s’enchaînent du côté des Israéliens : cauchemars, insomnies, famines, sécheresses et épidémies sévissent. Les Palestiniens endormis pourraient-ils envahir l’univers psychique de leurs ennemis ? Le Premier Ministre décide d’envoyer une espionne dans le monde où sont relégués les prisonniers, afin d’infiltrer leur sommeil et détruire une possible cellule terroriste. Mais elle adhèrera finalement à la patrie utopique des Mille Endormis pour vivre, à travers le miroir révélateur des songes, dans une société enfin unie et pacifiée.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 152

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