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Le Grand Théâtre de Genève rouvre ses portes

31/01/2019
© GTG/FABIEN BERGERAT

Inauguré en 1879, détruit par un incendie en 1951, reconstruit et réouvert en 1962, le Grand Théâtre a de nouveau fermé en janvier 2016, pour trois années de travaux. Rendu à sa splendeur d’origine, après de spectaculaires opérations de restauration et de réaménagement intérieur, il ouvrira ses portes le 12 février, avec une reprise de Der Ring des Nibelungen, dans la mise en scène de Dieter Dorn.

Il a suffi qu’une porte de la façade, récemment débâchée, de la place de Neuve reste entrouverte pendant quelques minutes, pour qu’une dame d’un certain âge pénètre, en toute innocence, dans le hall d’entrée du Grand Théâtre, avant d’être poliment, mais fermement, poussée vers la sortie. C’est dire l’impatience, et la curiosité, attisées par les photos parues dans la presse ces derniers mois, que suscite le retour de l’institution lyrique genevoise dans son bâtiment historique, après trois années de fermeture ! D’autant que le feuilleton des travaux a connu, depuis leur validation de principe par le conseil municipal, de multiples péripéties.

Retoqué par la Commission des Monuments, de la Nature et des Sites (CMNS), le projet initial des architectes François Dulon (atelier March) et Danilo Ceccarini (Linea), prévoyant une extension sur le toit de l’édifice, n’a en effet pu voir le jour, du fait de sa hauteur : mieux valait ne pas se mettre à dos les riverains, qui avaient la possibilité d’engager un recours, la tour de scène ayant été érigée sans égard pour la loi lors de la reconstruction, suite à l’incendie de 1951. « J’étais aux abois, avoue Rémy Pagani, conseiller administratif, en charge du Département des constructions et de l’aménagement de la Ville de Genève, car je n’avais pas d’autre choix que de trouver des espaces capables d’accueillir les 800 m2 supplémentaires du plan d’origine. J’ai dit qu’il fallait construire en sous-sol, sur les côtés du bâtiment. On a commencé par me dire que ce n’était pas possible, mais c’est ce que nous avons fait ! »

Second imprévu, le Théâtre éphémère de la Comédie-Française, acquis en mars 2014, n’a ouvert ses portes – agrandi, adapté aux exigences d’une scène lyrique, et rebaptisé Opéra des Nations – qu’en février 2016, retardant de plus de six mois le début des travaux. Entre-temps, le 19 décembre 2015 précisément, quelques jours avant la première de Die Zauberflöte, ultime spectacle présenté dans l’édifice historique avant sa fermeture, la façade de la place de Neuve, dont la restauration était certes déjà prévue, a été maculée de peinture et, pire, d’huile de vidange, au cours d’une manifestation nocturne.

Tout se passe ensuite comme prévu, jusqu’à l’automne 2017, quand la Ville annonce un retard de quatre mois, suite à des infiltrations d’eau causées par des mouvements – forcément « imprévisibles » – de la nappe phréatique. C’en est trop pour Tobias Richter, le directeur général de la maison, qui, dans cette affaire, a déjà dû avaler maintes couleuvres, et pousse à présent des cris d’orfraie : la programmation artistique, conçue à l’aune des possibilités techniques du Grand Théâtre, est compromise. Alors qu’il s’apprête à quitter son poste en juin 2019, pour laisser la place à Aviel Cahn, les circonstances le forcent une nouvelle fois à annuler, modifier ou déplacer des productions…

Le 15 janvier 2019, soit un an et demi plus tard, les plaies ont cicatrisé. Ni bâches ni échafaudages, les travaux sont pour ainsi dire terminés. Les équipes ont, dans leur grande majorité, pris possession de leurs bureaux flambant neufs, et les répétitions de Der Ring des Nibelungen – en l’occurrence une italienne de Die Walküre, dont les échos retransmis par des haut-parleurs ponctuent notre visite – battent leur plein. Un frais soleil d’hiver inonde le parvis, et avive l’éclat retrouvé de la façade. Quelques « fantômes » témoignent encore des dégradations subies, mais les UV devraient se charger de les faire disparaître. Fièrement dressées, les statues de la Tragédie, de la Danse, de la Musique et de la Comédie ont retrouvé leur blancheur immaculée, grâce à un nouvel enduit de plâtre, tandis que les lettres d’or des inscriptions longtemps illisibles du fronton invitent à pénétrer dans le Temple de la tragédie, de la comédie et de la poésie lyrique.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 147

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