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Alberto Zedda

27/03/2017
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Le 6 mars dernier, la disparition du chef et musicologue italien, dans sa 90e année, a privé les mélomanes d’un irremplaçable connaisseur de l’univers de Rossini et, plus généralement, du bel canto de la première moitié du XIXe siècle. En plus de se battre sur tous les fronts pour démontrer le génie d’un compositeur encore considéré, dans les années 1960, comme un simple amuseur public, Alberto Zedda dirigeait ce répertoire avec une fougue et un souffle refusés à des maestri sans doute plus précis, mais beaucoup moins portés par la foi.

« Maestro concertatore, poi direttore » : la formule résume à elle seule l’éthique musicale de ce grand parmi les grands. Alberto Zedda se voulait d’abord répétiteur à l’ancienne, artisan de la préparation musicologique et vocale de ses interprètes – et ce jusqu’à l’écriture de leurs cadences et variations –, avant que d’être directeur d’orchestre. Chef d’opéra et non chef à l’opéra. Distingué par le Premier prix du concours de la RAI, en 1957, le jeune lauréat, élève notamment de Carlo Maria Giulini, aussitôt propulsé à la tête de l’orchestre du College of Music de Cincinnati, s’y ennuie ferme. Le mal du pays aidant, il s’en évade un temps pour entreprendre en Italie des études universitaires de philosophie, tout en s’initiant à la musique baroque.

C’est toutefois dans la métropole de l’Ohio que le plus pur des hasards décide de la vocation rossinienne du futur citoyen d’honneur de la ville de Pesaro. Lors d’une répétition d’Il barbiere di Siviglia, en 1958, un des deux hautboïstes de l’orchestre renâcle devant le tempo auquel il est soumis dans le premier final. Et pour cause : Rossini a confié les traits de ce passage à l’ottavino, ce dont s’avise bientôt notre chef, après consultation du manuscrit ! En ces années où l’idée du recours aux partitions autographes n’effleure personne, l’éditeur Ricordi, confiant dans ses copistes maison et innocent des erreurs entérinées par la tradition, cherche querelle à l’impudent. Par un étonnant retournement, la même société éditrice, bientôt convaincue par l’avocat de ce dernier, preuves en main, va oser lui confier la première d’une série d’éditions critiques des opéras du génial Gioachino.

La suite est connue, qui voit notre musicologue invité à conférer dans la cité natale du compositeur à l’occasion du centenaire de sa mort, en 1968, début d’une croisade pour la réhabilitation de ses opéras, fondée sur une exigence nouvelle d’authenticité. Il s’agit pour Alberto Zedda de ne pas en rester au seul Barbiere, même débarrassé – sous les encouragements de Claudio Abbado – de son second hautbois, de ses trombones et de ses mille et une fautes de copie. Cet arbre, dont le fougueux Alberto n’apprécie qu’à demi le mélange un rien bancal de comique farcesque et de sentimentalité, cache la forêt des innombrables chefs-d’œuvre de style buffo, serio ou semiserio, qu’il s’agit de redécouvrir et de populariser. La Fondazione Rossini de Pesaro, comme le festival qui, à l’initiative de son surintendant Gianfranco Mariotti, en sera le prolongement et la vitrine dès 1980, constitueront, sous la houlette de Zedda – au double sens de bâton directorial et de fer de lance de cette reconquête –, une part essentielle de sa carrière.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 127

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