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Leontyne Price

25/01/2017
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Tosca. © THE METROPOLITAN OPERA ARCHIVES

Placido Domingo, lui-même, l’écrit dans son autobiographie : la soprano américaine, qui soufflera ses 90 bougies, le 10 février, possédait la plus belle voix de « soprano Verdi » du XXe siècle. Si elle n’a pas été la première cantatrice de couleur à fouler les planches d’un théâtre, elle reste très certainement la première à avoir accédé au statut de « prima donna » des deux côtés de l’Atlantique. Une reconnaissance amplement méritée pour celle qui a eu la chance de léguer au disque ses incarnations les plus marquantes, et qui demeure un modèle pour toutes les aspirantes rêvant d’Aida ou de Leonora d’Il trovatore et La forza del destino.

Luxe du timbre, calme du legato, volupté des inflexions : Leontyne Price, beauté noire dont Baudelaire aurait pu s’éprendre, a, tout au long de sa carrière, enjôlé public, discophiles et critiques par la magie d’une sensualité à fleur de souffle. Pour célébrer dignement son anniversaire, évitons de figer dans les clichés rebattus les traits d’une artiste ô combien charnelle. Alors que nous venons lui offrir un modeste bouquet en témoignage d’admiration, inspirons-nous de la lucidité et de l’humilité de cette femme suprêmement douée, pour en esquisser une manière d’autoportrait sans complaisance.

Petite jeune fille native du Mississippi, icône du « spiritual », Bess promise à tous les Porgy, Miss Price demeure, avant tout, comme une verdienne superlative. Mais Verdi ne constitue pas l’horizon indépassable de sa vie, s’il en occupe effectivement le cœur. De quel Verdi parle-t-on, d’ailleurs ? Du compositeur d’Il trovatore, d’Un ballo in maschera, de La forza del destino et d’Aida, pour l’essentiel.

Voix, technique et affinités inviteront la chanteuse à privilégier la petite princesse éthiopienne, esclave d’Amneris. Incarnée à la scène dès 1957, et jusqu’aux adieux de 1985, elle est, de fait, le personnage qui lui correspond le mieux, en tant qu’interprète et, plus profondément, en tant qu’être. Celui qui convient idéalement à sa vocalité, mais aussi, dit-elle, à la couleur de sa peau, « qui lui tient lieu de costume ». Le « Ritorna vincitor ! » du récital RCA de 1960, dédié à Verdi et Puccini, et sous-titré « One of the most beautiful voices in the world today », comme le fascinant « O cieli azzurri » dans l’anthologique intégrale Decca, dirigée par Georg Solti, l’année suivante, sont d’inoubliables legs de l’érotisme vocal dispensé par notre soprano « aphro-américaine », si l’on ose ce qualificatif suggestif.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 125

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