Bernard Foccroulle: Directeur du Festival international d'art lyrique d'Aix en Provence. 2010. (photo by Pascal Victor/ArtComArt)
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Le directeur du plus international des festivals d’opéra français, qui quittera ses fonctions à la fin de l’édition 2018, pour laisser la place à Pierre Audi, annonce, pour juillet, Don Giovanni, Carmen, The Rake’s Progress, Erismena de Cavalli et la création de Pinocchio de Boesmans.

Quels étaient vos rapports avec le Festival d’Aix-en-Provence, avant 2007 ?

C’était une manifestation qui m’était familière. À partir de l’arrivée de Stéphane Lissner, en 1998, nous avons collaboré régulièrement, échangeant des productions, comme L’Orfeo de Monteverdi mis en scène par Trisha Brown, présenté à Bruxelles au printemps 1998, et accueillant à la Monnaie des spectacles aixois. Nous avons également présenté, au Festival, la première mondiale de Hanjo de Toshio Hosokawa, en 2004, ainsi que Julie de Philippe Boesmans et Luc Bondy, en 2005, quelques mois après sa création à Bruxelles.

Quitter la Monnaie, au bout de quinze ans de direction, vous semblait-il raisonnable ?

Je ne me voyais pas directeur d’opéra pendant trente ans. Mais lorsque la proposition est venue de succéder à Stéphane Lissner, je n’ai pas hésité longtemps… La tentation d’Aix, de la Provence, de ce magnifique festival, était irrésistible ! Et aussi la pensée de continuer à inviter des artistes, des chefs, des metteurs en scène, avec lesquels j’avais établi des liens étroits. En 2018, je terminerai mon douzième festival, soit un total de vingt-sept années passées à la direction d’une institution lyrique. Je devais m’arrêter en 2017, mais Pierre Audi, qui me succèdera, avait des contraintes d’emploi du temps et j’ai accepté de prolonger mon mandat d’un an.

Vos souhaits concernant le Festival se sont-ils concrétisés ?

Rétrospectivement, je pense que j’ai réalisé le projet que j’avais en tête, au moment où j’ai accepté le poste. Artistiquement, je voulais rester dans la ligne de Stéphane Lissner, à savoir revitaliser la relation musique-théâtre qui fonde l’opéra ; je pensais également que nous devions avoir une vision éducative, qu’il fallait continuer à ancrer le Festival dans son territoire local, mais aussi lui donner progressivement une dimension méditerranéenne, européenne, et même internationale.

De quelle manière la fonction éducative a-t-elle été menée à bien ?

Elle s’est construite d’année en année, avec la réunion des services culturel et socio-éducatif, sous le nom de « Passerelles ». Chaque année, quelque 3 000 jeunes et 3 000 adultes sont concernés, avec le soutien de partenaires scolaires et associatifs. Nos équipes techniques sont très impliquées, et nos ateliers de décors de Venelles sont ainsi devenus une porte d’entrée très concrète pour le Festival.

Comment atteindre une dimension européenne et internationale ?

Un tel objectif implique un travail en réseau, ce que nous faisons avec Opera Europa, avec Reseo, et aussi avec Enoa (European Network of Opera Academies), initié en 2010 par -l’Académie du Festival d’Aix, qui compte aujourd’hui 13 membres et 20 partenaires associés. Le travail que nous effectuons en Provence se structure également, les acteurs culturels commencent à se parler, ce qui est encourageant.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 125

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