Actualités Eleanor Steber
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Eleanor Steber

28/09/2016
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© THE METROPOLITAN OPERA ARCHIVES

Des ouvrages de référence tels que le New Grove Dictionary of Opera ou le Guide de l’opéra de Fayard la font naître le 17 juillet 1916, d’autres sources indiquent le même jour, mais deux ans plus tôt. Qu’elle soit née en 1914 ou 1916, Opéra Magazine n’allait pas laisser passer l’occasion de célébrer le souvenir de la merveilleuse soprano américaine, disparue en 1990, qui a durablement marqué l’histoire du Metropolitan Opera de New York. À ce jour, Eleanor Steber demeure une Minnie de La fanciulla del West, une Comtesse Almaviva, une Elsa de Lohengrin sans beaucoup de rivales.

Le très viril Mario Del Monaco contraint de dominer sa crainte des chevaux pour enfourcher la monture de la radieuse Eleanor Steber et enserrer sa Minnie, au final de La fanciulla del West : l’anecdote a fait le tour du monde. La scène, couronnée par un indescriptible triomphe et dix rappels, se déroulait au Mai Musical Florentin de 1954 ! En maîtresse femme doublée d’une chanteuse aux moyens exceptionnels, la pétulante Américaine mariait, dans cette héroïne puccinienne, le feu et la tendresse, l’arrogance d’une voix homogène aux accents imparables, mais encore les smorzature de l’innocente jeune fille aux sauts d’octaves victorieux de la conquérante. Paradoxalement, le Met de Rudolf Bing ne s’en avisa que trop tardivement, en 1966, l’artiste suppléant dans l’urgence à une défection de Dorothy Kirsten, avant de s’éloigner de ce théâtre.

L’idée qui avait longtemps prévalu à New York, où elle avait débuté en 1940 en Sophie de Der Rosenkavalier, avant de se voir par ailleurs attribuer nombre de rôles italiens et germaniques, était que sa vocation fût essentiellement mozartienne. Malgré le rayonnement en Italie de cette Minnie coachée par Dimitri Mitropoulos, dont l’injonction « Vieni fuori ! » cinglait comme un fouet le visage de son bandit entreprenant, c’est l’impérieux « Temerari, sortite fuori di questo loco ! » d’une certaine Fiordiligi clamant son indéfectible amour, qui paraissait outre-Atlantique subsumer son art. À réécouter son « Come scoglio », capté en studio en 1952 sous la baguette urgente de Fritz Stiedry, malheureusement en anglais, on est en vérité frappé de la magnificence de cet organe puissant et moiré, au service d’une conception altière de la jeune Napolitaine, plus seria que nature mais sidérante d’aplomb. Une telle voix se permettait au Met de camper en matinée la Desdemona verdienne et en soirée cette Fiordiligi incandescente !

Mozart forever, donc : au fil de 176 apparitions sur les 427 dont elle honorera l’institution américaine, l’artiste nous laisse d’anthologiques portraits des héroïnes de son Wolfgang chéri, qui, pour la honte des grandes firmes discographiques, ne connaîtront quasiment pas les honneurs du studio, sinon à la faveur de récitals d’airs séparés. Ni cette Comtesse Almaviva que lui dirigeait Bruno Walter en 1944, avant notamment l’immense Fritz Busch en 1949 : une Rosina patricienne dispensant une manière de volupté sonore. Ni la plus furieuse des Donna Anna, apte aux miraculeuses efflorescences du sextuor, après l’éruption d’un « Or sai chi l’onore » pondéré par Karl Böhm en 1957.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 121

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