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Regina Resnik

25/02/2015

Disparue le 8 août dernier, la cantatrice américaine laisse le souvenir d’une phénoménale bête de scène qui, partie des emplois de soprano aigus et vocalisants, termina sa carrière dans ceux de contralto.

89_in_memoriam_-_Regina_ResnikRegina Resnik, inénarrable prince travesti dans Die Fledermaus, n’aurait pas trouvé « à son goût  » les hommages convenus au lendemain de son adieu à la vie. Un sourire s’impose donc avant d’évoquer cette sidérante carrière. Le souvenir est encore hilarant du gala new-yorkais donné en 1972 au Metropolitan Opera, en hommage à Rudolf Bing, son directeur, coupable d’une longue désaffection envers la chanteuse. Resnik le gratifie ce soir-là des couplets d’Orlofsky, pimentés de tonitruants « Chacun à Bing’s goût ! » qui plongent la salle dans le fou rire.

ASCENSEUR DES TESSITURES
Ce désamour remonte à l’époque où cette fille du Bronx, née de parents ukrainiens, artiste du Met depuis 1944, éprouva le besoin de réorienter ses rôles de soprano vers des emplois de mezzo, notamment à l’initiative et sous le contrôle du grand baryton Giuseppe Danise. L’irascible Bing lui en voulut de contrarier ses plans, comme il reprocha, dans le même temps, à Maria Callas de les refuser pour des raisons lointainement similaires. Une similitude troublante, à l’énoncé des rôles abordés (très tôt et conjointement) par ces deux chanteuses, nées à un an d’intervalle et dotées de la même étendue potentielle de trois octaves : Santuzza, Leonore de Fidelio, les wagnériennes blondes ou brunes. Tous emplois de tessiture ambiguë. Sans oublier les héroïnes ouvertement dramatiques qui leur furent à l’occasion communes : Gioconda, Lady Macbeth, tout aussi ambivalentes.

Mais là où Callas s’efforça de résoudre, dans ses meilleures années, son problème d’identité vocale, en pliant sa versatilité à un type d’émission néo-belcantiste ou romantique, Resnik se laissa guider pendant longtemps par son seul tempérament qui, joint à de considérables moyens, lui permit d’affronter crânement les écritures et les profils de soprano les plus disparates, au plan de la couleur comme à celui du style. Et ce, bien avant de se recentrer sur ses considérables notes de mezzo. Ce furent ainsi, dans un premier temps, outre les incarnations déjà évoquées, leur incroyable alternance avec la Leonora vocalisante d’Il trovatore, Cio-Cio-San, Donna Anna et Donna Elvira, comme avec Tosca. Ou encore cette Chrysothemis d’Elektra au Met avec Fritz Reiner, avant l’accession au temple de Bayreuth en 1953, en Sieglinde. Jusqu’à ce que le doute s’installe dans l’esprit de la chanteuse sur une identité vocale progressivement mise à mal par l’ascenseur des tessitures !

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