Comptes rendus De joyeux Mousquetaire
Comptes rendus

De joyeux Mousquetaire

25/02/2015

Mis en scène par Jérôme Deschamps, Les Mousquetaires au couvent de Varney ont enchanté le public de Lausanne. On attend avec impatience l’arrivée de cette production à l’Opéra-Comique, dans le courant de la saison 2014-2015 !

92_compte_rendu_-_Les_Mousquetaires_au_Couvent_articleDu prolifique compositeur de musique légère Louis Varney (1844-1908), seuls Les Mousquetaires au couvent demeurent. Cet « opéra-comique » en trois actes, sur un livret de Paul Ferrier et Jules Prével – inspiré lui-même d’un vaudeville antérieur de Saint-Hilaire et Duport, intitulé L’Habit ne fait pas le moine – a été créé, avec un ­succès considérable, au Théâtre des Bouffes-Parisiens, en mars 1880. Ne cherchant qu’à séduire et à susciter le rire, il s’est maintenu au répertoire jusqu’à aujourd’hui, par-delà l’évolution des goûts.
Le sujet est simple. En Touraine, sous le règne de Louis XIII, deux jeunes et fringants mousquetaires s’introduisent, revêtus d’habits de moines, dans un couvent d’Ursulines afin d’enlever les ravissantes Marie et Louise de Pontcourlay, destinées à prendre le voile sur ordre du cardinal de Richelieu. S’ajoutent à l’intrigue un abbé bienveillant, une servante d’auberge délurée, un oncle gouverneur moins sévère qu’il n’y paraît, une mère supérieure bien naïve, ainsi qu’un attentat déjoué contre Richelieu !
Quant à la musique, avec ses airs et ensembles devenus célèbres – la « Ronde du beau mousquetaire » chantée par l’accorte Simone, la « Chanson » de l’Abbé Bridaine, les « Couplets » de Brissac (« Pour faire un brave mousquetaire »), le « Rondeau de la petite curieuse » interprété par l’espiègle Louise –, elle ne cesse d’enchanter et de pétiller de mille feux.
Éric Vigié, directeur de l’Opéra de Lausanne, avait déjà monté l’ouvrage, il y a une dizaine d’années, à Nice et à Toulouse. Dans le cadre de cette nouvelle coproduction avec l’Opéra-Comique, où le spectacle sera présenté pendant la saison 2014-2015, la mise en scène a été confiée à Jérôme Deschamps qui, avec autant de sensibilité que d’à-propos, a adapté les dialogues parlés pour les rendre plus crédibles aux oreilles contemporaines.
On rit sans arrière-pensées, y compris aux légers coups de griffes décochés au milieu militaire et clérical. Les gags sont toujours surprenants et facétieux, comme cette poupée habillée en religieuse, que l’indisciplinée et revancharde Louise perce d’aiguilles ! Les décors joyeux et colorés de Laurent Peduzzi, les costumes inventifs de Vanessa Sannino, participent de la même recherche du plaisir.
Dans un tel répertoire, les chanteurs se doivent d’être aussi d’excellents comédiens. Remplaçant Franck Ferrari, blessé pendant les représentations du Freyschütz à Nice, le jeune Marc Canturri fait valoir de belles qualités scéniques et de réelles capacités vocales, même s’il ne possède pas encore le délié qui fait les grands Brissac, comme Michel Dens ou Gabriel Bacquier jadis. Sébastien Guèze est parfait en Gontran, l’amoureux touchant et timide. Frédéric Goncalves, quant à lui, campe un Abbé Bridaine de grande tradition et fort bien chantant.
Laurence Guillod incarne, avec art et délicatesse, la tendre Marie, Antoinette Dennefeld imposant une forte présence dans le rôle plus enlevé de Louise. Mention toute spéciale pour la pétillante Simone de Carole Meyer. Enfin, Nicole Monestier et Ola Waridel sont irrésistibles en religieuses survoltées.
Philippe Béran, à la tête du Sinfonietta de Lausanne et du Chœur de l’Opéra, dirige avec la légèreté requise, mais aussi une énergie communicatrice, en écho au rythme impulsé par la mise en scène. À n’en pas douter, ces Mousquetaires au couvent réjouiront tout autant les Parisiens qu’ils ont enthousiasmé les Lausannois !

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