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Alors que l’on s’apprête à fêter, tout au long de l’année, le bicentenaire de sa naissance (17 juin 1818), rendre hommage à un musicien aussi célèbre et célébré que Charles Gounod relève de la gageure pour un magazine spécialisé. Surtout quand l’un de ses plus précieux et fidèles collaborateurs, Gérard Condé, a déjà consacré au compositeur de nombreux articles, ainsi qu’une biographie de référence (Fayard, 2009), comprenant une analyse minutieuse de toutes ses œuvres. C’est par le disque qu’Opéra Magazine a choisi d’entamer cet anniversaire Gounod, en effectuant un choix parmi les gravures de ses opéras et en essayant de découvrir jusqu’à quel point ces titres, illustres ou oubliés, ont résisté à l’usure du temps et à la flamme plus ou moins ardente de leurs interprètes.

Né il y a deux siècles, Charles Gounod fait toujours partie de nos proches parents. On croit le revoir, tel que le décrivait Pierre Lalo, « vieillard magnifique, à la fois jeune et vénérable, vif et majestueux, avec sa barbe et ses cheveux de neige et d’argent » (Le Temps, 7 juin 1941). Un peu comme Victor Hugo dans le domaine des lettres, il est le grand-père de la musique française. Un grand-père que l’on a pu moquer, et même renier, mais vers lequel on revient sans cesse. Parce que, sous sa statue de marbre, se devine encore ce caractère « passionné et romantique à l’excès » que Fanny Mendelssohn avait décelé, lorsqu’elle l’avait rencontré à Rome.

Il n’avait alors qu’une vingtaine d’années et était pensionnaire de la Villa Médicis. C’était à l’aube d’une carrière qui devait lui procurer d’immenses succès et pas mal d’échecs. Si Faust, Roméo et Juliette et, à un moindre degré, Mireille ont toujours conservé une place de choix à l’affiche des théâtres et dans les rayons des disquaires, il n’en va pas de même pour le reste d’une production lyrique dont la valeur, pourtant, est loin d’être négligeable, et que nous allons parcourir dans l’ordre chronologique.

SAPHO

Composée à l’intention de Pauline Viardot, qui venait de remporter un grand succès dans le rôle de Fidès du Prophète (1849), Sapho voit le jour le 16 avril 1851, sur la scène de l’Opéra de Paris, Salle Le Peletier. Dans son premier opéra, créé deux mois avant son 33e anniversaire, Gounod se montre encore sensible à de nombreuses influences, celle de Berlioz surtout. Le livret d’Émile Augier est médiocre, mais lui offre l’opportunité de manifester son attachement à l’Antiquité gréco-romaine, dont il ne se départira jamais tout au long de sa vie.

Sapho n’a été publiée que deux fois en CD, à chaque fois dans la version originale en trois actes, que Gounod remania et élargit à quatre actes, en 1884. À Saint-Étienne, en mars 1992, sous la direction nuancée de Patrick Fournillier, la distribution est correcte, mais pas exceptionnelle. Les voix masculines, surtout, sont banales. Opposée à Christian Papis (Phaon) et Sharon Coste (Glycère), Michèle Command n’a ni l’ampleur vocale, ni le ton tragique qui conviennent à la poétesse grecque. Elle réussit néanmoins à lui conférer une certaine élégance, en particulier dans ses deux airs principaux (« Héro, sur la tour solitaire » et « Ô ma lyre immortelle »), sommets d’une partition par ailleurs inégale (2 CD Koch Schwann CD 3-1311-2).

Moins complet, mais autrement séduisant, le concert dirigé par Sylvain Cambreling à la Maison de la Radio, le 5 janvier 1979, bénéficie d’un Alain Vanzo idéal en Phaon et de Katherine Ciesinski qui, sans en avoir tout à fait la vocalité hors norme, apporte à Sapho énergie et chaleur (2 CD Gala GL 100.702).

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 135

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