Les 11 et 13 mars, à La Criée-Théâtre National, l’un des plus grands spécialistes actuels de Francesco Cavalli, auquel il a consacré une biographie, met en scène, avec Jean-Marc Aymes au pupitre, la résurrection de L’Oristeo, « dramma per musica » créé à Venise, en 1651.

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© LAURE JACQUEMIN

Directeur artistique du « Venetian Centre for Baroque Music », qu’est-ce qui vous a incité à franchir le pas de la mise en scène, avec L’Eritrea de Cavalli à Venise, en 2014 ?

J’ai toujours voulu faire de la mise en scène. Ma carrière a d’ailleurs débuté dans le théâtre, en 1999. À l’époque, j’étais encore violoniste. Geneviève Hurtevent, qui montait Sallinger de Bernard-Marie Koltès au 3bisF d’Aix-en-Provence, m’a engagé, non seulement pour un rôle de musicien, qu’elle avait ajouté dans la pièce, mais aussi comme assistant. En 2006, j’ai rejoint Benjamin Lazar au Théâtre de -l’Incrédule, où j’ai notamment collaboré à la production de Comment Wang-Fô fut sauvé de Marguerite Yourcenar. La parenthèse dans mon activité théâtrale est, heureusement, en train de se refermer… À l’avenir, je me concentrerai essentiellement sur la mise en scène, avec des projets actés jusqu’en 2018 !

L’Oristeo apparaît comme la suite logique de L’Eritrea. Et pourtant, vous l’évacuez de façon lapidaire, dans votre biographie de Cavalli (Actes Sud/Classica, 2014), en affirmant que le livret « a été écrit par un Faustini pressé par mille contingences matérielles relatives à l’inauguration de son nouveau théâtre ». Pourquoi avoir finalement choisi de le mettre au jour ?

Il s’agit du seul manuscrit entièrement autographe de Cavalli qui nous soit parvenu. Mais aussi du plus raturé et illisible que j’ai vu de ma vie ! C’est la raison pour laquelle personne ne s’y était vraiment intéressé jusqu’ici. En effectuant le travail d’exhumation de la partition, nous nous sommes rendu compte, Jean-Marc Aymes et moi, que nous nous trouvions face à un chef-d’œuvre absolu. Créé en 1651, L’Oristeo est le premier volet de la « tétralogie du San Aponal » – du nom du théâtre vénitien, également appelé Teatro Sant’Apollinare, où les opéras ont été  représentés –, suivi de La Rosinda, La Calisto et L’Eritrea. Ces œuvres, caractérisées par une liberté de ton sans précédent, marquent l’âge d’or de la collaboration entre le compositeur et son librettiste, Giovanni Faustini, brutalement interrompue par la disparition prématurée de ce dernier. Comparée à L’Eritrea, l’intrigue est tout aussi drôle, mais beaucoup plus simple, et sans doute fonctionne-t-elle plus facilement d’un point de vue théâtral. Un roi tue, par erreur, le père de sa fiancée, qui se retire dans un couvent. Il se déguise donc en jardinier pour la reconquérir. Ajoutez-y un maître jardinier, chanteur frustré qui donne des leçons désopilantes ! Voilà qui annonce le retour à l’état de nature du siècle des Lumières, de même que certains traits de l’« opera buffa » – La finta giardiniera, par exemple –, ou encore la fin de Candide de Voltaire.

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