Créé au Teatro Argentina de Rome, le 20 février 1816, l’un des opéras les plus populaires de tout le répertoire célèbre son bicentenaire. Parallèlement aux séries de représentations d’Il barbiere di Siviglia programmées, ce mois-ci, à Rome même, ainsi qu’à Paris, Nice, Copenhague, Séville ou Sydney, Opéra Magazine retrace l’histoire de cette comédie de caractère mâtinée de délire bouffe, qui n’a pas fini d’enchanter les spectateurs de tous âges.

3 Maria Callas (Rosina) à Milan (1956) ERIO PICCAGLIANI:TEATRO ALLA SCALA
Maria Callas, une Rosina inclassable. © TEATRO ALLA SCALA/ERIO PICCAGLIANI

Le congrès de Vienne, où se tourne la page de l’épopée napoléonienne, n’est pas encore achevé, en ce mois de mai 1815, quand le jeune Rossini évoque dans une lettre la commande d’un nouvel opéra pour la saison du carnaval romain (voir encadré 1). Tel Bonaparte, le musicien qui, dans sa campagne d’Italie, a notamment remporté les victoires de Tancredi et de L’Italiana in Algeri à Venise, au cours de la même année 1813, avant de conquérir Naples avec Elisabetta, regina d’Inghilterra, va retrouver une Rome prête à retomber dans le giron de la papauté. Outre le « dramma semiserio » Torvaldo e Dorliska, au Teatro Valle, pour l’ouverture de ce carnaval légendaire (26 décembre 1815), il lui faut très vite envisager une seconde création, pour le début de l’année 1816, sur la scène rivale du Teatro Argentina.

Si le Valle alterne opéras sérieux et comiques ainsi que ballets, l’Argentina, propriété du duc Sforza-Cesarini, n’ouvre que durant le carnaval, sous la coupe des autorités ecclésiastiques, aux dates fixées par elles. En vue de la saison 1816, le duc ayant décidé d’y programmer une œuvre bouffe, ses collaborateurs s’activent donc pour réunir une troupe, soit deux basses et un ténor autour d’une prima donna, le nom de la contralto Geltrude Giorgi-Righetti, future Rosina, commençant à circuler. Par bonheur, le cardinal Consalvi, qui veille à tout, y compris au recrutement des artistes, se réjouit de ce possible choix. Comme première basse, on songe à Luigi Zamboni, qui s’avèrera bientôt être le logeur de Rossini durant la composition de l’ouvrage et dont il sera le premier Figaro ! Le ténor Manuel Garcia est contacté, en dépit du manque d’assiduité aux répétitions napolitaines d’Elisabetta, regina d’Inghilterra qui lui est reproché.

Ni le sujet, ni a fortiori le livret, de l’œuvre promise ne sont encore connus lorsque, le 26 décembre 1815, le compositeur signe son contrat. Lequel prévoit que l’opéra sera donné après une reprise de son Italiana in Algeri, que l’acte I en sera achevé entre le 16 et le 20 janvier 1816, qu’il en dirigera alors les répétitions depuis son cembalo, avant de rendre sa copie définitive pour que la première ait lieu au plus tard le 5 février. Dans les faits, elle aura lieu le 20, après la mort subite de Sforza-Cesarini, survenue le 16. Dans l’intervalle, le sort est tombé sur Le Barbier de Séville, de manière sinon fortuite, du moins improvisée.

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