Mignon à Genève (2012). © GTG/YUNUS DURUKAN

À peine sortie de la nouvelle production de La Damnation de Faust à l’Opéra National de Paris, la mezzo-soprano française va poursuivre son tour des plus grandes scènes internationales dans les mois qui viennent : Lyric Opera de Chicago, Staatsoper de Vienne, Covent Garden de Londres, Scala de Milan… Rencontre avec une artiste abonnée aux rôles « sérieux », mais qui ne rêve que d’une chose : s’encanailler dans l’opérette !

En novembre 2008, vous faisiez pour la première fois la couverture de notre magazine ; depuis, votre carrière a pris un essor considérable.

Il s’est effectivement passé beaucoup de choses ! La plus marquante pour moi a été mon entrée dans le répertoire wagnérien, avec Brangäne (Tristan und Isolde) au Covent Garden, en 2009. Ont suivi un premier Ring à l’Opéra Bastille, en 2010-2011, repris en 2013, dans lequel je chantais Fricka (Das Rheingold et Die Walküre) et Waltraute (Götterdämmerung), sous la baguette de Philippe Jordan, puis un second à Munich, en 2012, dirigé par Kent Nagano. Il y a également eu Venus (Tannhäuser), de nouveau à la Bastille, en 2011, et Adriano (Rienzi) à Salzbourg, en 2013. Une nouvelle voie à explorer, et non des moindres… Sans pour cela négliger les rôles straussiens, et Charlotte dans Werther, qui me sont chers.

En même temps, votre répertoire français allait en s’élargissant.

Je pourrais citer le rôle-titre de Cléopâtre de Massenet, en concert à Salzbourg, au Festival de Pentecôte 2012, puis au Théâtre des Champs-Élysées, en novembre 2014. Ainsi que Genièvre dans Le Roi Arthus de Chausson, à l’Opéra Bastille, en mai 2015 et Sélika dans Vasco de Gama de Meyerbeer, la version originale de L’Africaine, au Deutsche Oper de Berlin, en octobre dernier ; les deux fois, Roberto Alagna était mon partenaire.

Des propositions que vous avez acceptées tout en sachant que ces œuvres sont rarement montées.

Je suis tout à fait consciente qu’il y a peu de chances pour qu’elles entrent au répertoire, mais même si on ne les fait entendre qu’une seule fois, c’est bien ! Le Roi Arthus, j’y tenais énormément, car c’est réellement un chef-d’œuvre ; il était impensable que l’Opéra de Paris continue de l’ignorer, mais il est vrai qu’en France comme partout, l’herbe est toujours plus verte ailleurs… Une institution nationale comme lui se doit d’avoir un rôle patrimonial. Roberto Alagna était de mon avis : arriver à faire jouer Le Roi Arthus, nous considérions cela comme une mission ! Roberto est exceptionnel, je l’aime pour son énergie et son enthousiasme ; sa curiosité ne connaît pas de limites et il se met vraiment au service de la musique, il se fait passer après l’œuvre, ce que doit faire tout interprète. Nous sommes responsables de notre répertoire, qui a tendance à se réduire comme peau de chagrin.

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