© GIANFRANCO ROTA
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Déjà directeur artistique du Festival de Macerata, le metteur en scène italien, originaire de Bergame comme Donizetti, propose sa première saison lyrique dans sa ville natale, à partir du 15 octobre, avec notamment Don Pasquale et Anna Bolena sur l’affiche.

Désormais directeur artistique de deux prestigieuses institutions lyriques italiennes, par quoi êtes-vous guidé dans vos choix de programmation ?

Macerata et Bergame sont deux manifestations, deux prime donne, serais-je tenté de dire, extrêmement différentes ! La première est une des perles du cœur de la Péninsule, forte d’une grande tradition, pour laquelle il a fallu réanimer un ancrage «populaire» quelque peu mis en sommeil. La deuxième a pour cadre une ville du Nord qui conçoit encore la vie culturelle comme réservée à une élite, avec pour conséquence une réelle distance entre le Festival et la population. Par moments, j’ai même l’impression que Bergame ne réalise pas l’importance de Donizetti dans l’histoire de l’opéra ! Par exemple, quand j’étais au lycée, personne ne nous parlait de lui, ne faisait l’effort de nous introduire dans son univers… Il m’a fallu attendre une représentation de Lucia di Lammermoor à la Scala de Milan, pour comprendre ce qu’il avait représenté.

Comment décririez-vous Donizetti, justement ?

Comme un musicien au cœur des tensions inhérentes au mouvement romantique, un Italien incontestablement attiré par l’étranger – tous ses opéras, ou presque, témoignent d’une quête d’évasion, tant dans les situations dramatiques que dans le profil psychologique des personnages –, et extrêmement moderne. Donizetti poussait ses recherches expressives bien au-delà de ce que ses contemporains étaient en mesure d’accepter. Dans Maria de Rudenz, par exemple, l’héroïne se vide littéralement de son sang sur scène, dans une esthétique « pulp » avant la lettre ! C’est pourquoi je suis convaincu que beaucoup de ses opéras ne sont pas tombés dans l’oubli en raison de prétendues « faiblesses » musicales. C’est tout simplement que le public de l’époque n’avait pas la sensibilité pour y adhérer ! En 2015, cette dimension d’innovation théâtrale doit être au cœur d’une nouvelle « Donizetti Renaissance », non plus centrée sur la personnalité d’une prima donna d’exception, mais sur la mise en exergue de tout ce qui fait de l’auteur de Lucia di Lammermoor un musicien en avance sur son temps.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 110

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